Le prélat Cardinal Christian TUMI a rendu l’âme la nuit vendredi 02 au samedi 03 avril 2021, dans un centre hospitalière à Douala. Cela est parti d’une rumeur à une réalité. La nouvelle a été officialisée le samedi matin au cours d’une messe de Pâques à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul par Monseigneur Samuel KLEDA, l’Archevêque métropolitain de Douala.
La communauté chrétienne et tout le peuple camerounais ont débuté la journée du 3 avril 2021 sur la triste nouvelle de la mort du cardinal Christian TUMI, à l’âge de 90 ans. L’information a été confirmée par Samuel KLEDA, l’archevêque de la ville de Douala. « J’ai la profonde douleur de vous annoncer le retour à l’Éternel de son éminence Christian Cardinal TUMI. Décès survenu ce 3 Avril 2021. Par la miséricorde de Dieu que son âme repose en paix », a-t-il fait savoir sur sa page Facebook. Reconnu pour son action au service de la paix, Christian TUMI était le premier cardinal camerounais.
Né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki, au Cameroun, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Buéa le 17 avril 1966. Par la suite, il devient recteur du grand séminaire régional de Bambui, dans l’archidiocèse de Bamenda en 1973. Après six années à Bamenda, on le nomma évêque de Yagoua en 1982. Ensuite, archevêque de Garoua de 1984-1991. Il préside la Conférence épiscopale du Cameroun de 1985 à 1991. Puis, le 28 juin 1988, il est proclamé cardinal-prêtre de Santi Martiri dell’Uganda a Poggio Ameno par le Pape Saint Jean-Paul II et après, président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar de 1990 à 1994. En 1990, il est proclamé président délégué de la 8è Assemblée générale du Synode des Évêques. Enfin archevêque de Douala de 1991 à 2009. Il se retire de sa charge d’archevêque le 17 novembre 2009 à l’âge de 79 ans. Son coadjuteur, Mgr Samuel KLEDA lui succède.
Le 9 septembre 2008, le cardinal Tumi reçoit le prix Cardinal von Galen, décerné par l’ONG Human Life International « en reconnaissance de près d’un demi-siècle de pastorale de ce Prélat en faveur de la famille, des laisser pour compte, de l’avènement et du respect du jeu démocratique au Cameroun ». Le 15 novembre 2011, il reçoit le Prix de l’Intégrité 2011 décerné par l’ONG Transparency International.
Vie sociale et religieuse
Christian Wiyghan Tumi était l’unique cardinal du Cameroun, Etat laïc avec 23% de catholiques sur un total d’environ 59% de chrétiens au sein de sa population. Son âge avancé et sa retraite imminente n’y changeront rien. Le cardinal Christian Wiyghan Tumi a toujours dénoncé les injustices, les atteintes aux droits de l’homme, et prôné la paix et le dialogue. Il n’y avait aucune raison pour qu’il s’arrête. À 78 ans, il fut le premier cardinal camerounais jouissant d’une parfaite santé, à l’image de sa mère, âgée de 112 ans, qui « ne porte pas de lunettes, tricote encore et a une meilleure mémoire que la mienne », disait-il en riant aux éclats.
Avec les jeunes missionnaires, il leur apprenait toujours à agir avec justice et à rechercher la paix « on a eu à célébré une messe de mariage ensemble et j’ai remarqué que c’était un homme qui mettait l’accent sur la rigueur liturgique. Il aimait la droiture et prônait la paix partout où il se retrouvait », affirme le père Jovita.
Le défunt cardinal a été « très impliqué dans la promotion du mouvement œcuménique » et il était « très estimé des presbytériens et des baptistes », peut-on lire dans sa biographie publiée par le Vatican.
Vie politique
Christian TUMI était aussi un influenceur politique. Son influence allait de l’espace public pour s’étendre aux milieux du pouvoir. Il avait répondu présent aux Grand Dialogue National (GDN), initié par le président Paul Biya en 2019, pour la résolution de la crise dite anglophone. Une initiative qui a débouché sur un faisceau de recommandations dont les plus importantes portent sur l’accélération du processus de décentralisation et la mise en œuvre d’un « statut spécial » susceptible de garantir une plus grande autonomie aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Âgé de 90 ans, Christian TUMI s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs de la crise dans les régions anglophones du Cameroun, en raison de ses propositions pour une sortie pacifique de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il a par exemple émis le vœu d’organiser une conférence générale pour les anglophones. Une volonté qui n’a jamais été approuvée par le pouvoir central de Yaoundé.
Le cardinal avait été enlevé le 5 novembre 2020 par des rebelles séparatistes, puis relâché le lendemain : Selon certaines sources, il aurait été dans leur ligne de mire après avoir encouragé l’éducation des enfants, alors que se multipliaient des massacres d’écoliers et des rapts d’enseignants dans le pays.
Il s’est exprimé le 15 novembre 2020 sur les antennes de la radio France internationale (RFI) ; la première fois depuis sa libération survenue le 06 novembre, après une nuit entre les mains des séparatistes. Il a appelé le Chef de l’État à déclarer l’amnistie dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, seule solution qui pourra conduire au retour à la paix selon lui.
« Le cardinal TUMI marqua de manière inoubliable l’Eglise ainsi que la vie sociale et politique de son pays, s’engageant toujours courageusement pour la défense de la démocratie et la promotion des droits humains », a écrit le pape François, dans un télégramme envoyé le 4 avril à Mgr Samuel KLEDA, actuel archevêque de Douala, capitale économique du Cameroun. Sa volonté de trouver un chemin de réconciliation lui a valu une reconnaissance des Camerounais comme figure morale du pays.