Cameroun : Scandale sexuel au sein du Karaté.

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Les victimes des violences sexuelles dans l’univers du karaté camerounais choisissent de briser le silence. Ils n’ont plus peur de subir des représailles venant des dirigeants et encadreurs de la fédération camerounaise de karaté. Dans un rapport mené par le cercle des ceintures noires de la région du centre, plusieurs athlètes de l’équipe nationale féminine ont déclaré avoir été victimes de harcèlement, abus et violences sexuelles. L’affaire est portée depuis avril 2020, devant la confédération africaine de karaté pour l’Afrique centrale et devant les tribunaux. Dans l’attente du verdict, plaignantes et accusés s’invectivent sur les réseaux sociaux et par médias interposés.


Les ceintures noires de karaté de la région du Centre semblent avoir mis leur pied dans une grosse fourmilière de présumés pervers et présumés violeurs dans l’univers du karaté. Encadreurs et dirigeants sont accusés de faire à outrance, des avances et du chantage sexuels aux athlètes dames. En compétition, ce sont des accompagnements impromptus aux toilettes et dans les vestiaires. Ils promettraient à leurs cibles un avenir promoteur au sein de l’équipe, en échange d’ébats sexuels. Ces jeunes demoiselles, dames et épouses disent avoir subies des violences sexuelles, des humiliations en privée ou en public. Leurs tortionnaires auraient eu à prendre de malins plaisirs pervers et obsessionnels,  à les guetter pendant leur toilette dans les vestiaires, sans le moindre scrupule et sans éprouver le moindre sentiment de honte.

Ce, tout en menaçant les victimes de sanctions. Face aux réticences de leurs cibles, s’en suivraient des harcèlements physiques, et au téléphone.

Ces forfaits perdurent depuis plus plusieurs années. L’une des premières à briser le silence, c’est le cas de la lionne indomptable NGO HIOL Ornella. Elle dit avoir eu pour bourreau, Maître Emmanuel WAKAM, le président de la FECAKADA : « Tout commence pendant le stage préparatoire de la Ligue professionnelle tenu au Maroc en 2016. Avant le voyage je me suis blessée au genou gauche. Après quelques séances de massage par le kinésithérapeute de l’équipe, le président de la fédération s’est substitué au kiné pour le massage. Au Maroc, il m’invite dans sa chambre, me propose une grosse sommes d’argent afin que je couche avec lui. Refusant à cette demande, il tente de me déshabiller de force et me promet de bannir de son équipe toute la famille HIOL. Dès lors, depuis 2018, ma sœur et moi sommes écartées de l’équipe nationale de karaté ».

Même calvaire et même oppresseur pour OGANDOA SIOMA Stella. « Au lendemain de la Ligue professionnelle de karaté tenue au Maroc en 2016, le président de la Fédération Camerounaise de karaté Maître Emmanuel WAKAM m’a invité à le retrouver à l’hôtel des députés au retour de la délégation camerounaise. Dans sa chambre, vêtu en caleçon, il me propose de m’asseoir auprès de lui. Il a promis de faire de moi une grande championne et surtout de m’amener au championnat du monde de karaté. J’ai dû inventer une histoire pour m’en aller. Il me remet une somme de 10.000 Francs cfa en me demandant de l’appeler pour un nouveau rendez-vous. Les représailles ont commencé du fort constat que je n’ai pas répondu à ces attentes. J’ai obtenu une bourse en d’étude pour la France en 2017, ladite bourse finira par disparaitre. En suite le président de la Fédération écrit à la veille de la compétition de SKI qui se devrait se tenir en Allemagne au Secrétaire d’Etat à la défense pour demander ma révocation de la gendarmerie au motif que j’ai décidé de quitter le territoire national sans autorisation pour me réfugier en Allemagne. En plus médaille de chevalier de l’ordre que je devrais recevoir après mon titre de championne d’Afrique, je ne l’ai pas reçu. »

Elles ne sont pas les seules à avoir subi ces présumés actes de harcèlement sexuels et tentatives de viols. La liste des plaignantes est loin d’être exhaustive. La suite des faits rapportés dans ce rapport, incrimine des entraineurs de karaté. NGA MANGA en occurrence accuse: « Mon coach, l’entraineur national junior, ESSE Jean Francis Ledoux m’a toujours fait des avances en me proposant d’avoir une relation intime avec lui. Il avait déjà fait les mêmes avances à Yvette. Il m’a promis un voyage lors de la compétition si j’accédais à sa demande. Du retour de ladite compétition, il me harcelait au téléphone avec des messages et appels. Des invitations dans les snack-bars après les entrainements. Il m’invita un soir dans sa chambre et essaya de m’embrasser en me disant que je lui plaisais beaucoup. Trois jours après notre arrivée au Rwanda, il continua le même manège. De notre retour, il m’a fait savoir que c’est grâce à lui que j’ai voyagé, j’ai obtenu ma médaille d’or au Rwanda mais qu’en retour je n’accédais pas toujours à sa demande. Pour la préparation du stage de la compétition qui devrait se tenir au Botswana, sachant bien que j’étais en plein examen scolaire, il m’a écarté de la liste définitive au motif que j’étais indisciplinée. C’était le début des représailles. » Pour ne citer que celles-ci, d’autres sont passées sur le plancher.

Invitation dans les chambres, masturbation en présence de ces jeunes dames et bien d’autres formes de harcèlements de la part des coachs et dirigeants de la Fédération camerounaise de karaté. Le pot aux roses, est brisé. Et la bataille judicaire se poursuit sur la place publique et devant les tribunaux. Les karatékas de la diaspora, sont eux aussi, monté au créneau et promettent en découdre avec les responsables de tels agissements de dépravations des mœurs.

Agnès DAITIKAO

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