CARTES NATIONALES D’IDENTITÉ (CNI) : LE CASSE-TÊTE DES CITOYENS CAMEROUNAIS !
ENTRE ARNAQUES, RENVOIE DES USAGERS ET PROROGATION DE LA DATE DE RETRAIT, LE PROTOCOLE QUI ENTOURE L’ÉTABLISSEMENT DES CNI FAVORISE LA CORRUPTION. NOMBREUX SONT LES CAMEROUNAIS EN GÉNÉRAL ET PARTICULIÈREMENT LES HABITANTS DE L’OUEST QUI N’ONT PAS EN LEUR POSSESSION UNE CARTE NATIONALE D’IDENTITÉ.
ENTRE ARNAQUES, RENVOIE DES USAGERS ET PROROGATION DE LA DATE DE RETRAIT, LE PROTOCOLE QUI ENTOURE L’ÉTABLISSEMENT DES CNI FAVORISE LA CORRUPTION. NOMBREUX SONT LES CAMEROUNAIS EN GÉNÉRAL ET PARTICULIÈREMENT LES HABITANTS DE L’OUEST QUI N’ONT PAS EN LEUR POSSESSION UNE CARTE NATIONALE
Un tour dans les postes de contrôle et on remarque directement que le manque est criard et les raisons de l’absence de cette pièce d’identification sont diverses. Henriette MOGUO est âgée de 55ans et passe de récépissé en récépissé depuis près de 10 ans : « En 2000, mon calvaire commence à la sortie des cartes informatisées alors, on ne reçoit plus avec les cartes sur carton. Je me rendis au poste de police du 6ème arrondissement à Yaoundé premier pour me faire établir une nouvelle carte. Pendant 2 ans, de 2002 à 2004 j’allais sans cesse au lieu suscité me mettre en rang jusqu’au découragement. Vint alors le jour où je réussis en 2004 à le faire. On me remit le récépissé et me donna rendez-vous dans 01 an. Le jour fixé pour le retrait, je me suis rendu au Commissariat mais rien. J’ai insisté et par la suite, on me renvoya à MVAN en me signalant une erreur sur mon nom. Là, il y’avait un monde fou mais nous achetâmes les documents de rectifications à 300 Fcfa l’usager. Après le remplissage aux environs de 12 heures, on nous a annoncé que la machine était en panne zut ! je retournai alors à l’Ouest et depuis mon arrivé à l’Ouest, je suis à mon deuxième récépissé. En 2008, j’ai refait une autre carte en vain car, fatiguée de me rendre au commissariat pour l’original après que le responsable ait mentionné au verso, jusqu’au jour du retrait. Il m’a demandé d’aller à Yaoundé pour qu’on rectifie. Me voici à mon troisième essaie à l’Hôtel de police de Bandjoun après l’essai de 2011 suite à la campagne d’établissement gratuit des CNI lancée par le gouvernement en prélude aux élections. Je partais de la maison à 4h30mn pour le commissariat et pendant une semaine j’allais et revenais en vain jusqu’au jour où j’ai pu le faire mais jusque-là rien ! La date prévue pour le retrait, je me rends au Commissariat mais rien n’a changé. Un jour, le Commissaire mentionna au verso, jusqu’au jour de retrait. Mais malgré cela, j’ai toujours subi les désagréments dans les postes de contrôle, à certains endroits c’est 1000 fcfa ou 5000 fcfa pour d’autres. En septembre 2017, je me suis encore lancée une énième fois ; me voici dans les renvois puisque le 16 janvier 2018 on a prolongé pour le 16 mai 2018. J’attends en subissant les tracasseries à cause de ce manque. Une fois alors que je partais de Bandjoun pour Bafoussam, au niveau du poste de contrôle de INO en 2015, on m’a stoppé net et m’a mise dans un car de police et c’est grâce à l’intervention d’un monsieur que j’ai été libérée. Au retour, c’est après avoir traversé le contrôle à pied que j’ai stoppé un taxi pour Bandjoun. En 2017, Je décidai alors de retourner à Yaoundé pour régler ce problème mais au niveau de Makénéné, la police m’a interpellée et j’ai dû verser la somme de 5000 FCFA avant de continuer le voyage ».
Un autre citoyen ayant requis l’anonymat s’inquiète également de ce que depuis 2 ans il circule avec un récépissé : « Au verso c’est mentionné jusqu’à la date de retrait et je circule librement sans monnayage ».
ARNAQUES ET CORRUPTION DANS L’ÉTABLISSEMENT DES CARTES D’IDENTITÉS ?
Désormais, les relations sont primordiales pour l’établissement des cartes à l’Ouest et la fluidité dépend des localités choisies. Nombreux sont ceux qui déplorent le fait que dans certains commissariats, il y’ait un nombre fixé par jour pour l’opération et qu’il faille être sur les lieux dès 6 heures du matin pour avoir son ticket. Malheureusement, l’ordre n’est toujours pas respecté parce que : « parfois vous attendez et des indications sont données pour qu’on reçoive des personnes qui arrivent après vous et ensuite on vous demande de repasser quand midi sonne ». Déplorent certains usagers rencontrés à l’entrée d’un commissariat.
Le commissariat de Baham dans le département des hauts plateaux est l’un des plus sollicités de la région de l’Ouest. Au commissariat central de Bafoussam le quota est de 15 personnes et on ne doit pas déborder ledit nombre : « Celui qui arrive en premier au commissariat tôt le matin est automatiquement le chef d’équipe car à cette heure, le poste d’identification est fermé. À l’arrivé du responsable d’identification, il récupère ladite liste et arrête le quota en fonction du classement et renvoie les autres. Si l’usager est pressé, ça se monnaie. On m’a demandé de donner 3000 FCFA pour qu’on introduise mon nom dans la liste parce que j’étais vingtième dans la liste et on prenait juste les 15 premiers. Quand j’ai dit que je n’en ai pas, on m’a demandé de revenir le lendemain ». Témoigne un usager qui rejoint celui d’une personne du troisième âge qui souligne que pour se rendre au poste d’identification, il faut toujours prévoir la monnaie car, lorsque vous présentez 3000 FCFA, l’agent vous remercie tout simplement.
Dans l’arrondissement de Bafoussam 3ème, Les mamans du troisième âge n’ont pas la possibilité de renouveler leurs cartes d’identité parce qu’on leurs demande de présenter l’acte de naissance or, majoritairement, elles n’ont pas ledit document. Un état de chose qui pénalise les citoyens sur plusieurs plans.
LA MENACE DE SUSPENSION DES LIGNES TÉLÉPHONIQUES ET LA PRESSION DANS LES DÉPLACEMENTS FAVORISENT L’ÉTABLISSEMENT DES CARTES EXPRESS
De l’établissement d’une carte à une autre, les modifications ne sont pas négligeables. YOUOVOP SIMO Alphonse aura finalement versé la somme de 150 000 FCFA pour corriger les erreurs qui figuraient sur sa CNI : « En 2010 je devais me rendre au Canada or, l’orthographe de mon nom sur l’acte de naissance n’était pas le même que celui sur la carte d’identité. Je me suis rendu à Longkack à Yaoundé pour la rectification et on m’a demandé de verser 140.000 Fcfa pour avoir une carte EXPRESS, en plus 10 000 fcfa pour les frais de celui qui devait se rendre dans la soute pour corriger les fautes sur mon nom et celui de ma mère ». Malheureusement, peu de camerounais peuvent s’y essayer vu le coût élevé de l’opération.
En attendant de voir quelles mesures le gouvernement prendra pour résoudre le problème, les opérateurs de lignes téléphoniques, les contrôles routiers mettent la pression, la situation sécuritaire ne favorisent pas les choses et les inscriptions sur les listes électorales en prennent un sacré coup.