Côte d’Ivoire / Alassane Ouattara : une candidature hautement contestée

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Les langues ne cessent de se délier une semaine après l’annonce du désir du président Alassane Ouattara, de briguer un troisième mandat. L’opposition ivoirienne qualifie cette candidature à l’élection du 31 octobre, d’anticonstitutionnelle. L’opinion publique est par ricochet, divisée en Côte d’Ivoire.


La candidature de trop pour les opposants. Elle est “anticonstitutionnelle, inacceptable et irrecevable” et relève même de la “provocation”. L’ex-président Henri Konan Bedié, lui-même candidat du principal parti d’opposition, le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), avait déjà déclaré qu’une candidature d’Alassane Ouattara “serait illégale”.

Jean-Louis Billon, ex Ministre du Commerce et un des Secrétaires exécutifs du PDCI dénonce une candidature anticonstitutionnelle. “Nous allons attendre que la Cour Constitutionnelle statue et clarifie la situation. C’est en fonction de cela que nous allons réagir.” Déclare t-il. 

« Nous sommes en face d’un projet de coup d’État civil (…) une violation grave de la Loi fondamentale », a jugé Moussa Touré, Directeur de la communication de Guillaume Soro, l’ex-chef de la rébellion ivoirienne et ancien allié du président, passé à l’opposition, exilé en France, privé de ses droits civiques et néanmoins candidat à la présidentielle.

L’opposant Pascal Affi N’Guessan, candidat à la présidentielle d’octobre, a récemment dénoncé une « croissance appauvrissante » de l’économie ivoirienne engendrée par M. Ouattara pour souligner son manque de portée sociale.

L’opposition avait déjà flairé en la modification constitutionnelle de 2016, une volonté malsaine d’Alassane Ouattara de demeurer au pouvoir après l’expiration de son deuxième mandat. L’annonce du 6 août 2020 est venue confirmer cette crainte au sein de l’opposition. 

En effet, la constitution limite à deux, le nombre de mandats présidentiels. Mais selon l’interprétation qu’en fait le pouvoir, l’adoption de la nouvelle loi fondamentale de 2016 a remis les compteurs à zéro. L’opinion publique quant à elle, juge que la législation actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire reste applicable. 

La candidature d’Alassane Ouattara a également connu de vives contestations au sein de la société civile.

« Les vieux ne sont pas sages, ils se comportent comme dans une cour de récré »,ironisé l’écrivain satirique Gauz, visant les candidatures du chef de l’Etat et de l’ex-président Henri Konan Bédié, qui se représente à 86 ans pour le PDCI.

« Aujourd’hui, plus que jamais, la Côte d’Ivoire est fatiguée du trio OuattaraBédié, Gbagbo qui l’a conduit à l’abîme », tranche, de son côté l’écrivain franco-ivoirien Serge Bilé.

Pour le politologue ivoirien Jean Alabro, « Ouattara livre le combat de trop : le passage en force sur la Constitution et sur les conditions du scrutin ne présage rien de bon ». 

Élu à la tête de la Côte d’Ivoire en 2010, puis réélu en 2015, la décision d’Alassane Ouattara de se représenter au scrutin d’octobre 2020, réinstalle une atmosphère lourde et de confusion dans le pays. Beaucoup redoutent un retour de crise identique à celle qui a frappé la Côte d’Ivoire pendant une décennie dans les années 2000. 

Oscarine NANA

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