CRISE ANGLOPHONE: LES ATTAQUES DU NOUN ET LA FAMEUSE CONFÉRENCE DE FOUMBAN DE JUILLET 1961?

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La fameuse conférence Constitutionnelle de FOUMBAN du 17 au 21 juillet 1961, au coeur de la crise anglophone actuelle, aurait un rapprochement avec les attaques perpétrés ces temps dans le Noun, région de l’Ouest Cameroun? Cette crise qui jusqu’ici est traitée de façon superficielle et subtile, sans aucun retour à la source mère, n’a toujours pas eu d’issue. La résolution 1608(XV) des Nations Unies avait entériné les résultats du référendum des 11 et 12 février 1961, par lesquels le Southern Cameroon’s choisit de se rattacher au Cameroun oriental francophone. Mais depuis la réunification du 01er octobre 1961, plus rien n’a été comme avant dans le nouveau Cameroun dit uni.


La ville de Foumban dans la région de l’Ouest, et Chef lieu du département du Noun, est la ville de 1961 à jamais gravée dans la question de la crise séparatiste au Cameroun. La fameuse conférence dite de Foumban, y fut tenue du 17 au 21 juillet 1961, en accord avec la résolution de l’ONU de permettre aux deux parties, Southern Cameroon’s et la République du Cameroun francophone, de s’entendre sur la nouvelle configuration de l’État. Le Northern Cameroon’s quant à lui, avait déjà choisi lors du référendum du 11 au 12 février 1961, de se rattacher au Nigeria.

John NGU FONCHA et AHMADOU AHIDJO en désaccord depuis Foumban 1961

John NGU FONCHA, à la tête du Southern Cameroon’s, avait représenté l’ex-colonie britannique, accompagné par 17 autres leaders anglophones. De même, la République du Cameroun, ex-colonie française, avait à sa tête le Président AHMADOU AHIDJO, suivi de 17 autres leaders francophones. Mais, un désaccord qui a été négligé va s’imposer ces jours, et qui perdure jusqu’à nos jours, sur la forme de l’État unifié.

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Table ronde lors des négociations de la conférence de Foumban du 17 au 21 juillet 1961

En effet, John NGU FONCHA et AHMADOU AHIDJO, avaient dès le départ des visions divergentes de la configuration de leur Cameroun uni et indivisible. Le lourd débat se trouvait, et se trouve toujours sur la notion de la fédération. Selon la délégation conduite par John NGU FONCHA, la fédération n’est qu’une voie de transfert des pouvoirs au niveau des États fédérés, qui exerceraient la plénitude de pouvoir, tandis que le pouvoir central serait juste symbolique et à titre honorifique.

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Par contre, la délégation du Président de la République du Cameroun de cette époque, encore francophone, AHMADOU AHIDJO, appréhendait la fédération autrement. Selon elle, et jusqu’aujourd’hui, l’État fédéral doit reposer sur un pouvoir central très fort, auquel viendraient se greffer deux États Fédérés, aux pouvoirs restreints et modiques. C’est donc la, le noeud du conflit.

Des soldats tombés dans la course visionnaire de l’État central fort de la République du Cameroun

AHMADOU AHIDJO était visionnaire du pouvoir central fort, jusqu’à Paul BIYA

De plus, comme nous relate l’historien Daniel ABWA, dans son ouvrage paru en 2015,  » Ni Anglophones, ni Francophones au Cameroun, tous des camerounais!! », à la page 73, il y est précisé que le Président AHMADOU AHIDJO, dans son discours à Foumban, avait exprimé clairement sa propension à aller vers un État central fort. « Il affirme dans son discours d’ouverture qu’il n’adhère au principe de la fédération que parcequ’il ne peut faire autrement, les différences linguistiques, administratives et économiques du moment, ne lui permettent pas d’envisager sérieusement et sereinement l’instauration d’un État unitaire et centralisé qu’il souhaite », nous rapporte le Pr. et historien Daniel ABWA.

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Des milliers de déplacés internes et regugiés de la crise anglophone au Cameroun

Contraste sur contraste au fil du temps, l’on assiste depuis l’arrivée du Président Paul BIYA, à la modification de la loi, qui rétablit la forme étatique de la République du Cameroun en 1984, jadis identifiée comme nom du Cameroun oriental francophone, en 1960. Après une série de manifestations de mécontentement des anglophones, au travers de la All Anglophone Conférence(AAC) dès 1990, rien n’a été fait, jusqu’en 2016, où la goute d’eau de colère déborda la vase en crise Anglophone, puis guerre du NOSO.

Attaques dans le Noun vs Conférence de Foumban

cette enveloppe déroulée, nous pouvons entreprendre un rapprochement avec les attaques perpétrées dans le Noun, sillage de la ville de Foumban, ces dernier temps. Les scessessionistes seraient-ils en train d’attirer l’attention du pouvoir central de Yaoundé, sur le noeud de leur problème? Ou que gagne le Cameroun ex-colonie française, à céder à la forme de fédération longtemps voulue par le Southern Cameroon’s?

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Des enfants déscolarisés dans le NOSO

La crise anglophone serait-elle comme on le prétend, une manifestation de la délinquance et d’enlèvements juste? Résoudre un conflit, revient à retourner à la source et noeud du problème. C’est rentrer au lieu et place ou tout a commencé. Oui comme l’exprime les anglophones, ils ont été « dupés, manipulés par une ruse de tout temps, qui ne pense pas au bien être de la population en proie à la mort et au danger », nous envoie un ressortissant du Sud-Ouest.

« Cinq soldats tués et d’autres personnes enlevées« , ne suffit pas comme annonce, pour éteindre un feu? L’on dénombre déjà plus de 3000 morts et des milliers de déplacés internes ou réfugiés sans proie, dans cette crise dite anglophone, entamée depuis 2016. C’est peut être le temps et moment propice pour tous les camerounais de tourner leur regard en direction de Foumban!!

D’aucun diraient que le Noun est un dupeur, un serpent à deux tête! Mais on peut souffrir de couper une tête pour le bonheur de l’unité et de la paix. Combien devraient encore tomber? Combien de civils et hommes en tenue devraient encore verser du sang?

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Le thème du 20 mai célébrait les valeureux soldats, sous un régime dictatorial, qui ne peut se décliner pour comprendre le ral bol d’un peuple longtemps manipulé et dupé. Ce fameux 20 mai 1972, où la décision fut prise, de changer la forme originelle du 01er octobre, bien que désapprouvée par les camerounais d’expression anglophone. Ce jour où le terme fédération fut ôté définitivement du nom de l’État du Cameroun, en « République Unie du Cameroun ». Longtemps contestée par le Southern Cameroon’s, qui a toujours voulu la fédération libre des deux États fédérés.

Nous y parviendrons, si nous retournons ensemble à Foumban.

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