DOUALA / ANCIEN TROISIÈME: ÉPICENTRE DES RÉSEAUX ILLICITES ET TRAFIC DES TÉLÉPHONES PORTABLES.

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Considéré comme le plus grand marché de vente des téléphones portables et accessoires dans la ville de Douala, le lieu-dit “Ancien Troisième” a la réputation d’entretenir des trafics de différentes natures.


À côté des comptoirs et boutiques de vente des appareils de diverses marques neufs ou d’occasion, se dressent des tables de dépannage des téléphones, parfois issus du vol.

Dans la foulée, des techniciens rompus à la tâche manipulent des téléphones, remplacent des pièces, flashent et décodent certains ; à la demande de nombreux clients venus trouver solution à leur matériel de communication en panne. Serge est technicien de téléphone : « Il y a des téléphones, d’origine américaine ou européenne, qui arrivent avec le code de leur pays. Le client nous apporte ça ici et on décode, afin que ce soit disponible aux services des opérateurs ici. Si cette opération n’est pas faite, aucune puce d’ici ne peut y fonctionner ».

L’expertise en matière de dépannage de téléphone à l’Ancien Troisième ne découle pas d’une formation académique ou professionnelle conventionnelle, mais d’un apprentissage sur le tas, qui s’est consolidé avec le temps sous l’effet de la routine.

La consommation très élevée des produits de téléphonie mobile au Cameroun a entrainé un accroissement de ce secteur d’activité, de manière à favoriser l’entrée des brebis galeuses. Vente de téléphones volés, trafic de code de sécurité, trafic de marques et filouterie commerciale ; de nouvelles pratiques malsaines se sont développées au fil du temps sur le marché, causant d’énormes préjudices aux nombreux clients.

À Ancien Troisième, tous les commerçants sont bien au courant de ces pratiques odieuses. Leurs auteurs sont connus aussi, cependant ils gardent le silence face aux atrocités causées sur des clients non-avisés.

Des cas de soustraction de porte-monnaie et même d’agression en public y ont été déjà enregistrés. Ce qui a conduit à la création d’un poste de police au marché, pour pallier à toute éventualité.

L’action de dissuasion des éléments des forces de maintien de l’ordre, et l’interpellation de certains pickpockets surpris en flagrant délit, ont réduit considérablement l’insécurité au sein du marché, malgré des poches de résistance qui tardent encore à être endiguées.

Le commerce des CD et DVD, fruit de la piraterie des œuvres musicales, ne souffrent d’aucune perturbation ici, tant il est établi que « le chien des contrôles inopinés aboie, et la caravane de la piraterie passe ».

Les plaintes des consommateurs sont enregistrées chaque jour, décriant la qualité des produits qui y sont achetés, surtout aux ambulants et autres démarcheurs sans boutiques fixes et sans identifiant sûr. Un conducteur de moto raconte sa mésaventure à Ancien Troisième.  « En décembre dernier, j’ai acheté une clé USB de 16 Giga à 3.500 F CFA et j’ai payé 500 F CFA pour qu’on y copie de la musiques. Mais j’ai été surpris qu’à la maison, la clé était vide. Je suis revenu par deux fois chez le DJ, c’est lui qui a finalement détecté que c’était une fausse clé. J’ai perdu 4.000 F CFA gratuitement. Depuis ce jour, je me méfie d’acheter à n’importe qui ici à Ancien Troisième ».

En dépit de ces multiples complaintes liées à l’insécurité et aux nombreux trafics illicites, les activités commerciales à Ancien Troisième ne cessent de drainer du beau monde. Les prix attractifs, la disponibilité des produits et accessoires, ainsi que la présence des techniciens pour le dépannage, constituent autant de facteurs, qui fixent le choix des usagers vers ce labyrinthe d’incertitude.

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