Le Premier ministre libanais a annoncé lundi dernier la démission de son gouvernement, poussé par la population en furie. Si le pays était déjà plongé dans une crise économique inédite, les explosions de Beyrouth n’ont fait que révolter davantage la population et Hassan Diab qui attribuent la responsabilité de ce drame à la classe politique libanaise.
C’est dans un discours adressé à la nation six jours après l’explosion de Beyrouth que Hassan Diab, Premier ministre du Liban a annoncé la démission du gouvernement.
« Aujourd’hui, nous répondons à la volonté du peuple qui exige que les responsables de ce désastre dissimulé pendant sept ans rendent des comptes, et à son désir d’un véritable changement. Face à cette réalité, j’annonce la démission de ce gouvernement », a dit le Premier ministre, accusant la classe politique d’être la cause de ses échecs et dénonçant la « corruption » ayant conduit à « ce séisme qui a frappé le pays ». « J’ai découvert que la corruption institutionnalisée était plus forte que l’Etat », a ajouté amèrement Hassan Diab.
Se présentant comme un indépendant, Hassan Diab, un professeur d’université, avait formé son gouvernement en janvier 2020, en réponse à un soulèvement populaire ayant poussé son prédécesseur Saad Hariri à la démission. Connu pour sa fermeté et son intolérance face aux frasques des dirigeants libanais, Hassan Diab avait demandé que les responsabilités soient établies dans l’explosion qui a ravagé la zone portuaire de Beyrouth, créant une véritable situation de crise humanitaire. La déflagration gigantesque avait fait au moins 160 morts et plus de 6000 blessés. Refusant de faire endosser cette responsabilité à son gouvernement, il a mis en cause la corruption institutionnalisée qui a conduit à l’explosion meurtrière.
La catastrophe du 4 août a créé un vaste mouvement de contestation dont l’ampleur est sans précédent. Les Libanais se sont mobilisés par milliers pour dire leur ras-le-bol après le drame. Les manifestants réclament le renouvellement de la classe politique toute entière, accusée depuis des mois de corruption et d’incompétence. Un hashtag “pendez-les tous”, circule sur les réseaux sociaux, appelant à une révolte contre les dirigeants dans leur ensemble, jugés responsables du sinistre.
Alors que les voix s’élèvent pour une enquête internationale “transparente”, le Président Michel Aoun, lui-même contesté, avait rejeté l’éventualité d’une telle enquête préconisée par Emmanuel Macron lors de sa visite à Beyrouth le 6 août.
Depuis l’ouverture de l’enquête locale, une vingtaine de fonctionnaires du port et des douanes ont été interpellés. Certains ont été arrêtées, d’autres assignés à résidence.