Après d’interminables attentes, Faustin Archange Touadera qui s’est doté, depuis Août 2023, d’une nouvelle Constitution “sur-mesure” lui ouvrant la voie à l’exercice exclusif du pouvoir ainsi qu’à une présidence à vie, a décidé, enfin, d’opérer un léger remaniement du gouvernement que dirige Félix Moloua.
Au-delà des critiques visant les choix somme toute claniques et triviaux faits par le président centrafricain, il y a bien pire : la violation par Touadera lui-même de “sa” Constitution.
Il ne vous échappe pas que lors de la campagne référendaire ou de ce qui la ressemble, plusieurs dispositions de la Constitution du 30 Août ont fait l’objet de débats hillarants sur les réseaux sociaux. Parmi celles-ci, particulièrement l’article 10, dont nous citons ici l’alinéa 4 :
« Est centrafricain d’origine, toute personne dont les deux parents sont eux-mêmes centrafricains d’origine. Seuls les centrafricains d’origine peuvent assurer des fonctions civiles et militaires ».
Voilà qui est tranché !
À l’époque où les forces vives de la Nation appelaient au rejet de cette disposition somme toute innaplicable dans une Centrafrique où les origines des habitants sont diverses, hé bien, la majorité présidentielle y voyait des « critiques de ces maudits opposants ». Voilà que le décret du 4 Janvier 2024, signé par Touadera lui-même, a reconduit à la tête du département de l’environnement, Mr Thierry Kamach, qui, de notoriété publique, est de père syrien. En voilà une absurdité juridique qui devait conduire amplement à l’abrogation du décret portant mise en place du gouvernement Moloua II. Tenez bien, il n’y a pas que les Kamach comme autorité civile sous cette Constitution du 30 Août 2023, quid des autres Jules Ndjawé et Parfait Simb de père camerounais, les Bida Koyagbélé, avec des origines haïtiennes, tous Conseillers à la Présidence ou à l’Assemblée nationale !?
Ce rappel sur la violation permanente des textes rassure tout simplement que le Peuple n’a jamais demandé une nouvelle Constitution, ni n’a été associé à cette Loi qu’on nous présente comme le panacée des problèmes de la République centrafricaine.
In fine, ce n’est pas la Constitution du 30 Mars 2016 le problème, c’est plutôt la propension de ceux qui ont pris les commandes de la République centrafricaine à parjurer et à cracher sur les textes mêmes les plus élémentaires. La République centrafricaine s’en sortira-t-elle avec ce règne absolu de l’arbitraire ?