Société : Traite et trafic de personnes : L’autopsie de la Conatt.

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C’était au cours d’une conférence organisée mardi dernier à Yaoundé, par la coalition nationale des associations et ONGs de lutte contre la traite et le trafic de personnes. C’était en présence des pouvoirs publics et représentants de la société civile.

Les échanges structurés autour de 3 thèmes, avaient pour fil conducteur « la jurisprudence sur les cas de traite et de trafic dans la région du Centre de 2013 à 2018. »

L’état des lieux de la traite des êtres humains au Cameroun a été développé par un universitaire, qui a présenté la traite comme un processus par lequel des humains sont placés ou maintenus en exploitation à des fins lucratives, sexuelles, domestiques, agricoles ou de main d’œuvre … trafic des organes. Pour étayer son exposé, le conférencier a pris comme exemple l’histoire similaire triste et récente de certains camerounais victimes de traitements inhumains en Lybie et au Koweït.

« Ce phénomène peut se manifester à l’intérieur des frontières comme à l’extérieur d’un pays. » indique-t-il.

La prédominance de la pauvreté, le phénomène de sans domicile fixe, le chômage, les guerres civiles, les conflits politiques, l’absence et le non-respect de la législation de trafic des êtres… sont les causes de ce phénomène qui a des conséquences négatives telles que la violation des droits fondamentaux, le traumatisme, l’augmentation du nombre de migrants illégaux, les traitements inhumains et dégradants, les risques de morts et de maladies, la difficile intégration des victimes, la fragilisation de la sécurité nationale…
Enfin l’exposant propose quelques pistes de solution pour réduire le phénomène de traite et de trafic des personnes. L’identification des victimes pour mieux les protéger, mobiliser de manière concertée tous les moyens d’enquêtes contre les réseaux de trafic des êtres humains, renforcer la coopération internationale en matière de traite et faire de la lutte contre la traite une politique publique à part entière.

L’assistance et l’accompagnement à l’insertion socio-économique des victimes de la traite a constitué le 2e temps d’arrêt des échanges, présenté par une responsable du ministère des affaires sociales.  Elle a fait part de la batterie de mesures mises en œuvre par le gouvernement dans le cadre de sa politique sociale. Elle a notamment insisté sur l’accueil et l’assistance orientées principalement vers les catégories des enfants vulnérables.

L’arsenal juridique applicable en matière de traite et de trafic des êtres humains au Cameroun était également au menu des échanges. Le juriste chargé de sa présentation a fait savoir que plusieurs instruments juridiques internationaux existent depuis des lustres pour non seulement contrer le phénomène de traite et trafic des personnes, mais également l’assistance des victimes. L’on peut citer par exemple des conventions ratifiées, chartes et protocoles…

Pour les sanctions, les auteurs de traite et de trafic des humains encourent des peines maximales. L’emprisonnement se situe entre 10 et 20 ans avec une amande chiffrée à partir de 50 mille FCFA selon le code pénal en vigueur au Cameroun. La lutte contre l’esclavage et le trafic des personnes constituent une préoccupation majeure, et la chosification et la marchandisation des êtres humains demeurent interdites.

L’état partiel de la jurisprudence en matière de trafic et traite des personnes : le cas de la région du Centre de 2013 à 2018 a alimenté la dernière partie de la conférence, conduite par un responsable de la CONATT. D’après une étude menée dans cette partie du Cameroun, 22 personnes ont été victimes de la traite dont 21 enfants et une femme. Les chiffres présentés révèlent que les victimes de trafic et de traite ont un problème d’accès à la justice et n’ont pas toujours la motivation de saisir les instances judiciaires.

Demetrio Wouassom

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