La Journée Internationale de sensibilisation à l’albinisme se célèbre ce 13 juin sous le thème, “unis pour faire entendre nos voix”. Nous avons recueilli quelques expériences de personnes Albinos, et leur quotidien dans la ville de Yaoundé.
Parmi les mamans venues nombreuses au rendez-vous de vaccination ce lundi matin 13 juin 2022, au Centre Hospitalier Le Bon Berger à Nkozoa, Yaoundé, se trouve la jeune Édith MAMBÉ, mère d’un bébé Albinos. “J’ai été vraiment très choquée lorsqu’à la naissance, j’ai découvert que mon bébé était Albinos. Moi personnellement je n’étais pas familière avec eux. Du coup, c’était très difficile, même jusqu’à présent, lorsque je sors avec lui, je suis obligée de le couvrir pour éviter certains regards déplacés”, affirme la jeune femme, mère du bébé Patrick, âgé encore de deux mois et demi, couvert par sa maman, très pensive à notre approche.
L’albinisme, une réalité au Cameroun et difficile pour les parents
Comme la Maman du bébé Patrick, plusieurs cas pareils de bébés viennent au monde, dans des circonstances similaires. Au Cameroun, on en dénombre de plus en plus de cas, comme nous explique une infirmière et en 2021, le Gouvernement estimait environs à 2200 Albinos. “Le choc est psychologique et normal. Surtout quand vous n’avez pas été préparé. Certaines personnes n’ont pas d’information sur leur généalogie et du coup la surprise est souvent élevée pour eux. Nous prenons souvent sur nous d’accompagner ces parents à comprendre et à garder les mêmes affections comme pour tout autre bébé“, rebondit NGONO Lisette, Infirmière chargée des accouchements, dans un Centre de Santé de la ville de Yaoundé.
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Une maladie prise à coeur par les Nations Unies
En effet, comme le définit les Nations Unies, l’albinisme est une maladie rare, non transmissible et héréditaire qui existe dans le monde entier, indépendamment de l’appartenance ethnique ou du genre. Dans presque tous les cas d’albinisme, les deux parents doivent être porteurs du gène pour le transmettre, même s’ils ne sont pas eux-mêmes atteints d’albinisme. Cette maladie est dû à une absence de pigmentation (mélamine) sur les cheveux, la peau et les yeux (albinisme oculo-cutané). Et il n’existe aucun remède à l’heure actuelle.
Sur le plan mondial, la prévalence de l’albinisme est en évolution dans le monde. En Europe et en Amérique du Nord, 1 personne sur 20 000 souffre de cette maladie. De plus, “1 cas sur 5 000 et 1 cas sur 15 000 se trouve localiser en Afrique subsaharienne, où cette condition est plus répandue”, estime l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Même s’il est encore difficile d’avoir des chiffres précis pour le Cameroun, à cette période de l’année. On peut aussi préciser que les personnes atteintes de cette maladie, sont exposées au cancer de la peau et décèdent entre 30 à 40 ans, de façon général.
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Victimes de discrimination et stigmatisés…
La discrimination que subie cette race particulière, est répandue dans le monde. La couleur de leur peau, leur font paraître à part. Souvent victimes de mythes et croyances erronées découlant de superstitions, les Albinos sont marginalisés.
C’est fort de ces stigmatisation, discrimination et exclusion sociale, qu’en 2013 et 2014, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ont adopté des résolutions qui réclamaient la prévention des agressions et de la discrimination à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme. Et le 18 décembre 2014, l’Assemblée générale adoptait la résolution 69/170, proclamant, à compter de 2015, le 13 juin Journée mondiale de sensibilisation à l’albinisme. Ce 13 juin 2022, le thème retenu par l’ONU est “Uni pour faire entendre leur voix”.
Ensemble pour les droits des Albinos!!!
Depuis lors, plusieurs actions ont été menées dans le monde entier en général, et au Cameroun en particulier. La société civile en pleine activité, s’est mise à l’œuvre pour valoriser et relever cette couche minoritaire. On assiste aujourd’hui à l’élection Miss Albinos et bien d’autres.
Le concours 2022 de Miss/Master s’est tenue ce samedi 11 juin, par l’Association des femmes albinos du Cameroun (AFAC). Et avant ce jour, le 08 juin dernier, s’est tenue une conférence débat sous le thème : « Ensemble brisons les barrières d’ignorance sur l’albinisme ». Ces moments ont touché du doigts, les membres du gouvernement, les parents des enfants albinos, les entreprises, les responsables de questions liées aux droits de l’homme et les enseignants. La présidente d’AFAC, Marie Madeleine WAFO, a mis sur pieds ce concept pour tirer la la sonnette d’alarme au sujet des droits des albinos.
En plus du volet Miss/Master, on peut confirmer que de plus en plus, les Albinos se retrouvent sur la scène politique, comme avec Wilfried EKANGA. Sa récente sortie du 08 juin dernier, face au Président français, Emmanuel MACRON, fait encore le tour du monde et de l’actualité, menant en valeur l’albinisme.
"Monsieur le Président, est-ce que ce n’est pas faux de soutenir le peuple en Ukraine et de soutenir la dictature au Cameroun ? Parce que Biya opprime le peuple comme Poutine, mais en Ukraine vous soutenez le peuple ukrainien, ce qui est bien, au Cameroun par contre vous laissez…", Un extrait des questions de Wilfried EKANGA, Militant du MRC, adressées au président français Emmanuel MACRON.
Des Albinos, on en retrouvent déjà depuis peu, sur les réseaux avec les influenceuses comme La Coach Blonde et, dans l’espace du savoir dans les Universités et milieux professionnels. Ceux-ci ne se réservent plus de s’exprimer, ou de se positionner.
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Parmi les parents cibles de la grande sensibilisation, comme la jeune maman Edith MAMBÉ, mère du bébé Patrick, elle s’engage à aller jusqu’au bout et à s’adapter. “Je prend le goût jour après jour. J’aime mon fils de plus en plus, et j’y arriverai. Car je faisais partie de ceux là qui avaient un regard discriminant vis à vis des Albinos. Nous devons les considérer au même titre que nous. Toute femme peut du jour au lendemain devenir mère d’un Albinos, comme moi”, conclue Edith avant de répondre à son tour à l’infirmière, se rendant dans la pièce de vaccination ce jour, à Yaoundé.