CHARLIE TCHIKANDA, DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA LIGUE DES DROITS ET LIBERTÉS L’A FAIT SAVOIR AUX JOURNALISTES AU COURS D’UN POINT DE PRESSE A SON SIÈGE LE 26 SEPTEMBRE 2019 DERNIER A BAFOUSSAM.
La ligue des droits et libertés (LDL) dit avoir pris acte de la volonté du chef de l’Etat d’ouvrir un dialogue sur la situation sociopolitique au Cameroun exprimé dans son adresse à la Nation du 10 septembre 2019. Tout en se félicitant des consultations que mène le premier ministre en vue de la préparation de ce forum national, la LDL dit être préoccupée non seulement par l’élargissement des points de discussion, de la désignation du premier ministre comme président du grand dialogue national (GDN), la très fortement représentation des militants du RDPC, mais aussi la présence des forces de défense et de sécurité aux débats, la marginalisation de la société civile.
Cependant, elle propose la mise en place d’une équipe de rapportage constituée de 10 personnalités issues des principales familles d’acteurs présents, la garantie de protection aux groupes armés qui participeront au dialogue. Pour la LDL seule la mise en place d’un dispositif de suivi de la mise en œuvre et d’évaluation des résolutions adoptées lors des travaux de ce dialogue d’atteindre les objectifs escomptés. Pour cette organisation de la société civile, seule la transparence dans la gestion des fonds destinés au dialogue permettra qu’ils ne servent à d’autres fins.
CHARLIE TCHIKANDA, DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA LIGUE DES DROITS ET LIBERTÉS REVIENT SUR DES PROPOSITIONS ET DES SUGGESTIONS FAITES POUR LA BONNE TENUE DU GRAND DIALOGUE NATIONAL ET SURTOUT POUR LE SUIVI DES RÉSOLUTIONS QUI Y DÉCOULERONT.
QU’EST-CE QU’IL FAUT RETENIR DES SUGGESTIONS QUE VOUS AVEZ FORMULE AU SUJET DE LA BONNE TENUE DU DIALOGUE NATIONAL CONVOQUE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE LORS DE SON ADRESSE A LA NATION LE 10 SEPTEMBRE DERNIER?
Vous savez que l’actualité ambiante au Cameroun ce dernier mois de septembre tourne autour du grand dialogue national. La ligue des droits et libertés (LDL) étant une organisation de la société civile qui a qui œuvre dans le domaine des politiques publiques ne pouvaient pas rester sans s’intéresser à cette actualité. Voilà pour quoi nous avons publié une déclaration à la suite du discours du président de la République qui annonçait le grand dialogue national. De ce fait, nous avons fait plusieurs suggestions en l’endroit de la commission d’organisation allant des conditions préalables avant la tenue de ce dialogue. Les propositions fortes que nous avons faites tournent autour de la structuration du débat. Nous avons dégagé trois centres d’intérêt. D’abord la reforme de l’Etat. La forme de l’Etat entendu comme mode de gestion stratégique de l’Etat parce qu’il ne faut pas confondre la forme républicaine de l’Etat. Personne n’ira à ce dialogue pour demander que le Cameroun soit transformé en royaume ou en théocratie. Donc, il s’agit de voir entre la décentralisation et le fédéralisme quel est le mode de gestion stratégique de l’Etat qui convient compte-tenu de la situation actuelle. La deuxième chose concerne la révision du code électoral. Nous savons tous que tous les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui notamment la crise post-électorale tourne autour de ce code électoral qui n’est pas toujours démocratique encore moins consensuel. La troisième piste de proposition que nous avons adressé aux organisateurs du dialogue dans notre déclaration c’est que le mode de prise de décision au sein du grand débat. Nous estimons que si le nombre de participants n’est pas égalitaire, il y aura un problème. Donc, nous avons proposé que les prises de décisions soient consensuelles et non par vote. Nous avons également proposé que le débat soit présidé par un collège de président à savoir le premier ministre comme modérateur général et deux vice-présidents et une équipe de rapportage composée de dix personnes.
EST-CE QUE VOUS AVEZ L’IMPRESSION QUE LES CHOSES VONT DANS LE BON SENS JUSQU’A PRÉSENT ?
Si on s’en tient aux dernières nouvelles, le premier ministre a déjà désigné un rapporteur général. On se pose déjà la question de savoir si c’est le porte-parole qui coordonne l’équipe de rapportage qui va dresser le rapport. On se pose également la question de savoir si les commissions ont été mise en place auront vocation à recevoir d’autres thématiques qui ne sont pas prévues dans celles que le gouvernement a déjà arrêté. Ce sont ces questionnements qui nous taraudent l’esprit. Nous voulons savoir si ces commissions auront le pouvoir de modifier l’ordre du jour qui leur sera proposé.
QUELLE SERA L’ATTITUDE DE LA LIGUE DES DROITS ET LIBERTÉS AU SORTIR DE CE GRAND DIALOGUE NATIONAL ?
Comme vous le constatez, la LDL n’a pas pris position de manière tranchée. Nous nous sommes bornés à faire des suggestions. Au sortir de ce grand dialogue, nous allons publier un document de position dans lequel nous allons analyser de manière claire toutes les résolutions qui auront été prises pour savoir si elles vont dans le bon sens et si elles peuvent résoudre la crise sociopolitique dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et bien d’autres que nous connaissons dans notre pays actuellement.
QUELLES SONT VOS SUGGESTIONS PAR RAPPORT AUX DÉCISIONS QUI SERONT PRISES LORS DES TRAVAUX DE CE RENDEZ-VOUS HISTORIQUE ?
Nous avons demandé qu’une équipe de suivi et d’évaluation des résolutions adoptées au grand dialogue soit mise en place. Nous avons même proposé qu’il y ait un échéancier de la mise en œuvre pour que les choses ne se passent pas comme à la tripartite.
Le grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya, lors de son discours dont le médiateur désigné est le premier ministre, chef du gouvernement se tiendra du 30 septembre au 4 octobre 2019 au palais de congrès de Yaoundé. Les débats se feront au sein de huit commissions à savoir le bilinguisme, la culture et la diversité, l’éducation, la justice, la reconstruction et le développement, la décentralisation et la gouvernance locale, la démobilisation, le désarmement et la réintégration et la diaspora.