CAMEROUN / COMMERCE ILLICITE DU CARBURANT : LE MARCHE NOIR EN PLEINE CROISSANCE DANS LES RUES DE DOUALA

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Le carburant de la rue sature les trottoirs dans la ville de Douala et expose la cité économique à des incendies éventuels.

C’est un commerce d’un autre genre, qui s’installe progressivement sur les trottoirs de la ville de Douala, sans que les auteurs et les usagers, ne mesurent les conséquences désastreuses qu’ils en courent.

La vente à la sauvette du carburant. Activité pratiquée sur des comptoirs dans des carrefours et à proximité de la rue, ces « pétroliers » d’un autre genre se livrent à la commercialisation de ce liquide très inflammable, au mépris de toutes les précautions requises.

Au départ, le business est né d’une volonté de rendre disponible du carburant à toute heure, surtout pour les usagers tombés en panne sèche loin des stations-services.

Au fil des temps, l’activité est devenue très florissante sur nos axes routiers interurbains. Dans la ville de Douala, elle gagne de plus en plus du terrain, depuis le déclenchement de la crise anglophone. La grande majorité de ces commerçants sont originaire de la région du Sud-Ouest voisin, en quête de pitance pour assurer une stabilité sociale dans leur ville d’accueil.

Ici on carbure tout le monde : mototaxis, taxis, véhicules personnels ou même véhicules de transport commun, chacun s’approvisionne chez-eux selon la taille de son porte-monnaie. Pas la peine de se soucier de la qualité du produit consommé, l’essentiel étant de faire tourner le moteur jusqu’à destination.

Dans une déclaration du Ministre de l’Eau et de l’Energie, en Août 2019, Gaston ELOUNDOU ESSOMBA décriait le phénomène de contrebande pétrolière au Cameroun, comme étant la source de tous ces de produits douteux en circulation dans nos villes.

Le gouvernement tente de combattre ce fléau à travers la création d’un comité de coordination de lutte contre la fraude des produits pétroliers, par décret 2002/2044/PM du 20 novembre 2002, modifié et complété par le décret 2009/1593/PM du 22 juillet 2009.

En dépit de cette disposition légale, dans des carrefours grand-publics, les produits pétroliers sont exposés sur des comptoirs de fortune, dans des bouteilles plastiques de capacité variables entre 1 L, 1,5 L, 5L et 10 L ; à raison de 600 F CFA litre d’essence et 550 le litre de Gasoil. Sous des comptoirs, des bidons de 30 ou 40 litres disposés en stock de gros.

John et sa sœur Mary, à qui nous avons posé la question sur l’origine de ce carburant, n’ont pas voulu en faire de commentaire. Beaucoup plus préoccupés à courir vers tout véhicule qui essaie de garer en leur direction pour lui proposer du carburant.

Sous un ton vraiment embarrassé, l’un d’eux nous fait cette déclaration : « C’est ce que nous avons trouvé à faire pour joindre les deux bouts. On pouvait mieux nous en sortir si les gendarmes et les policiers ne venaient pas nous prendre de l’argent de temps en temps. Mais on est obligé de donner si non, ils nous arrêtent et saisissent aussi notre marchandise ».

On se rend à l’évidence d’une complicité maladroite de certains agents de nos forces de maintien de l’ordre avec ces « pompistes à la sauvette ». Une malheureuse collaboration avec des commerçants engagés dans une activité extrêmement dangereuse des produits pétroliers, susceptibles d’incendier toute une cité en un claquement de bûchette.

Des opérations de saisie et de destruction de ces produits pétroliers d’origine douteuse sont quelquefois menées par les autorités compétentes, toutefois l’activité reprend après le passage de la caravane répressive.

En attendant que des mesures fortes puissent être prises pour recadrer définitivement ce secteur d’activité en plein essor, ces commerçants véreux poursuivre leur vente à ciel ouvert. Le public quant à lui reste en prière, afin que des incidents horribles de nature à embraser des vies humaines comme ce fut le cas à la falaise de Dschang le 27 janvier 2021, puissent être évités. 

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