CAMEROUN : DEJA 38 ANS DE REGNE AVEC PAUL BIYA, QU’EST DEVENU CE PAYS ?

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6 novembre 1982- 6 novembre 2020, il y a exactement 38 ans que le Président de la République du Cameroun Paul BIYA est entré au pouvoir. Sa durée a fait remuer certains pays, qui aujourd’hui apprécient sa stratégie. Militer pour la paix a toujours été son combat mais aujourd’hui la paix freine le pas avec les obstacles que traverse le Cameroun.


38 ans de règne ! Que peut-on tirer de toutes ces années passées à la tête de ce pays qualifié de paix : le Cameroun. L’on se rappelle encore le jour où Paul BIYA, président actuel du Cameroun a accédé à la magistrature suprême, deux jours après la démission du Président Ahmadou Ahidjo. Il a prêté serment le 6 novembre 1982. Il a succédé alors au premier président du Cameroun, Ahmadou Ahidjo. Son discours devant toute l’Assemblée Nationale a été fait de promesses au peuple camerounais. On pouvait entendre entre autres : détermination dans la gestion des affaires de l’Etat et l’édification des attitudes. Pour certains partisans, le bilan est plutôt prometteur : «Au plan de la démocratisation du pays, il a modernisé la vie politique camerounaise en mettant en place les institutions qui consacrent la séparation des pouvoirs et la garantie des droits individuels dans la Constitution du 18 janvier 1996… Paul Biya a réussi à impulser le développement dans divers domaines de la vie publique: défense et sécurité, éducation, santé, énergie, travaux publics, sport. Sur ce plan, son œuvre est immense», affirme Edmond BILOA, militant et communicant du RDPC.

Paul BIYA a gravi rapidement les paliers dans le gouvernement d’Ahmadou Ahidjo entre les années 1960 et 1982. Il va de chargé de mission à la présidence, puis Directeur de Cabinet et Secrétaire du ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Culture, ensuite Directeur de Cabinet Civil, Secrétaire général de la Présidence  et enfin Premier ministre, poste qu’il occupera jusqu’en 1982. Paul BIYA succède à Ahidjo comme Chef de l’Etat la même année, à la suite de sa démission. Après une tentative de coup d’Etat de la garde présidentielle de 1983 en 1984, il affermit son pouvoir. Il garde de très bonnes relations avec la France, l’un des anciens colonisateurs du pays, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il remporte l’élection présidentielle de 1992 avec 40 % des suffrages et est réélu par une large majorité en 1997, 2004, 2011 et 2018. Paul Biya est l’auteur d’un livre, véritable programme de politico-économique et de société. Il s’agit de « Pour le libéralisme communautaire ».

Ce jour anniversaire, comme les précédents, les Camerounais, toutes origines, classes sociales, chapelles religieuses et politiques confondues, se lèveront, tel un seul homme, pour saluer les œuvres de cet homme providentiel. Lui  qui a tant œuvré pour son pays depuis 1982, pour paraphraser un contemporaine, le président Paul Biya a engrangé de belles et grandes victoires qui font aujourd’hui du Cameroun, un pays aimé des siens et respecté, voire jalousé et convoité par les autres. En témoignent les poussées déstabilisatrices auxquelles le « Berceau de nos ancêtres » fait régulièrement l’objet ces derniers mois. Durant ses septennats successifs (Grandes ambitions, réalisations, opportunités, réussites…), l’architecte du Renouveau va impulser des réalisations portées sur tous les secteurs de la vie nationale, de manière à mieux l’engager dans la voie de l’émergence.

Ayant accédé au pouvoir sous un système monolithique, Paul Biya, éclairé par son ouvrage « Pour le Libéralisme Communautaire », qu’il publie en 1987 pour résumer sa vision sociale et économique du pays, va s’empresser d’engager le Cameroun vers le multipartisme. Trente-huit ans après, son bilan divise la classe politique camerounaise. Pour Joseph Emmanuel ATEBA, secrétaire national à la communication du MRC, « il est très difficile de trouver une grande réussite au règne de Paul Biya sauf si l’on peut considérer l’explosion de la corruption, les détournements et le tribalisme comme des réussites. Pour être sérieux, l’instauration de la démocratie aurait pu être la seule réussite de Paul Biya hélas, sa boulimie de pouvoir l’en a éloigné. Les échecs sont tellement nombreux que nous demander d’en citer deux seulement est une épreuve très difficile. Je vais néanmoins citer son incapacité à maintenir un pays uni, le retrait de la Can et la détérioration du petit tissu industriel dont nous disposions », soutient-il dans une réaction publiée dans les colonnes du quotidien Le Messager édition du 6 novembre 2020. Pire, la crise sécuritaire est arrivée pour aggraver la crise économique ces dernières années. Aux assauts des rebelles centrafricains dans l’Est du Cameroun, se sont ajoutées les attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Et depuis la fin d’année 2016, des revendications anglophones ont été récupérées par des mouvements sécessionnistes, plongeant l’activité économique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun dans le chaos.

Cette situation a mis au chômage des milliers de personne et fait perdre beaucoup d’argent à la Cameroon Development Corporation (CDC) dont le Directeur général, Franklin NJIE fait ici l’état des lieux sur les trois derniers mois : « Le coût estimé de perte des produits bruts est 10 milliards de francs CFA, regroupant l’huile de palme et la banane, de mai au 25 août. »

On constate qu’après 38 ans, le Cameroun est reste malgré tout un  et indivisible. La pandémie de la Covid 19 qui terrasse toutes les Nations du monde est une illustration très forte du bilan fait du Cameroun. Au plus fort de de cette crise sanitaire sans précèdent, plusieurs dirigeants des pays du tiers monde, dans un suivisme moutonnier, ont opté pour le confinement général, à l’image des grandes puissances, sans en avoir les moyens, notamment l’instrument monétaire qui permet d’actionner la planche à billets pour subventionner à tout va. Paul Biya, perspicace, nous a épargné un dilemme existentiel : mourir de covid-19 ou mourir de faim. On comprend tout le sens de son discours au Palais de l’Unité devant le Président français François HOLLANDE le 03 juillet 2015 : « Ne dure au pouvoir qui veut, mais dure au pouvoir qui peut ».

Vanelle KENGNE

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