CHANTIER ROUTIER : LE COCHEMAR DES POPULATIONS DE NTENGUE

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Les populations de Ntengué, sur l’axe routier Santchou-Dschang, au Cameroun, souffrent le martyr au quotidien. Habitants et usagers sont confrontés à d’énormes difficultés, depuis le décapage de la chaussée sur cette voie qui couvre plus de 80% du trafic entre les régions du Littoral, du Sud-Ouest et celles de l’Ouest et du Nord-Ouest.


Ici, de jour comme de nuit, le passage des véhicules soulève d’épaisses couches de poussière qui recouvrent la végétation et les habitations. Et leur donne une allure de campagne à l’époque coloniale. « Ce que vous voyez ici dehors c’est rien, allez voir nos meubles et nos vêtements dans la maison. On est obligé de tout couvrir pour éviter la poussière », explique une ménagère désespérée.
De la même façon, les habitants sont contraints d’en ingurgiter en quantités inestimables, surtout en cette saison sèche où les précipitations sont rares, et que les journées connaissent une chaleur de plomb.
Les élèves des écoles primaires de Ntengué ainsi que ceux des établissements secondaires de Santchou, respirent chaque jour une bonne dose de poussière sur le chemin de l’école. Bien que le port de masque ne soit pas une institution obligatoire ici, chacun se conforme tout de même à la règle : la circonstance oblige le cache-nez.

La poussière à l’origine de multiples maladies


Les maladies respiratoires sont au rendez-vous et les victimes se comptent à tous les niveaux. Suzane KEGNE, ménagère à Ntengué. « La poussière ci nous cause trop de maladies. La toux, les maux de tête, les douleurs à la poitrine et le mal des yeux, c’est chaque jour. Si tu regardes bien, tu verras que tout le monde ici à la conjonctivite, c’est à cause de la poussière ».
Même les voyageurs qui empruntent cette route ne sont pas à l’abri de ses effets nocifs et les plaintes ne manquent pas à l’appel. « Cette partie du voyage est pour moi la plus difficile, à chaque fois que je me rends au village. On a beau fermer les vitres, mais on finit toujours par chopper une petite grippe. Dans la norme, on devrait faire ces travaux-ci longtemps avant le lancement de la Coupe d’Afrique des Nations. Le tournoi s’est achevé et je doute fort que ce chantier puisse être terminé. Depuis quand on est revenu sur ce genre de projet dans notre pays ? », s’interroge Franklin DEMANOU, voyageur à destination de Bafou.

La poussière fait son effet sur l’environnement de l’axe Santchou-Dschang


Le plus grand danger auquel s’exposent les populations et usagers du tronçon routier Santchou-Dschang réside dans la composition chimique de la poussière inspirée. « Cette poussière est d’autant plus nocive qu’elle comporte des substances chimiques très toxiques pour l’organisme. C’est un mélange de sédiments, de roches et de bitume. Les effets cancérigènes sont très élevés, et les attaques pulmonaires très graves. Le reprofilage de cette route est un impératif absolu et urgent pour éviter une crise sanitaire à long terme », déclare Aimé Constant KAMOGNE, étudiant au département de Chimie à l’Université de Dschang.

Dernier recours à la circulation inter urbaine entre l’Ouest et le Littoral


Cet axe routier restait alors la meilleure voie empruntée pour rallier l’Ouest et le Littoral, et par extension, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le tronçon Bafang-Bandjoun sur la Nationale Numéro 5 se trouve en piteux état. La saison sèche tire à sa fin et l’on espère que l’arrivée des précipitations puisse apporter du soulagement aux populations, même si les bourbiers devront se substituer à la poussière. La falaise de Dschang, avec ses catastrophes à répétition a défrayé la chronique en 2020 et 2021, peut-être assez insuffisant pour ces responsables des chantiers routiers, qui à travers ces travaux abandonnés, voudraient nous réserver la surprise de 2022.


Le syndrome des chantiers abandonnés ; notre pays en souffre dans ses métropoles comme dans ses campagnes. Face à l’adversité, les populations continuent de scruter le ciel, dans l’attente d’une éventuelle reprise des travaux.

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