A l’Ouest-Cameroun, il existe une kyrielle de rites traditionnels auxquels sont attachées les populations bamilékés. Parmi cela, on cite la cérémonie d’assise sur la chaise qui est régulière et célébrée dans le but de montrer que l’on a atteint la maturité. Camer Press Agency vous plonge dans la culture de l’Ouest-Cameroun tout en vous expliquant la procédure.
« Nan-kuoh », « tchoua-kuoh », toutes ces appellations c’est pour signifier la cérémonie de l’assise sur la chaise à l’Ouest-Cameroun. Comme son nom l’indique le rite de la chaise à trois pieds se fait sur une chaise qui a trois pieds. Elle se fait dans plusieurs villages des pays Bamilékés. Cette cérémonie est le lieu du passage du stade de jeune à celui d’adulte. L’acteur est bien évidement l’Homme. Dans les sociétés Bamiléké, être adulte ne signifie pas avoir des enfants ou avoir son domicile mais cela signifie avoir fait le rite de la chaise à trois pieds. Cette cérémonie débute chez sa famille maternelle. Devenir un adulte dans la culture Bamiléké implique devient officiellement pour tout aspirant de franchir un certain nombre d’étapes.
Tout d’abord, le jeune doit assister à une sorte d’école traditionnelle appelée « Mekueh ». Cette école, hebdomadaire, est l’occasion pour lui d’acquérir des enseignements sur la vie d’adulte auprès de ses aînés. Ces derniers se servent à majorité de proverbes, de chants et de contes pour enseigner leur savoir. Les leçons se focalisent sur l’art de vivre en bonne intelligence et d’être en excellente communion avec chaque élément de la société visible et invisible et à vivre. Dans d’autres tribus de l’Ouest, cette école traditionnelle est facultative.
Avant d’avoir le droit de s’asseoir sur la chaise à trois pieds, il doit passer par un certain nombre d’étapes. D’abord, il doit apporter un certain nombre de gâteaux spéciaux, des Mbapsi (La viande de Dieu) au Mekueh. Après le dernier Mbapsi, il obtient le droit de quitter le sol pour s’asseoir sur un petit tabouret qui reste encore à ras le sol, le Pap Kouo. Par la suite, après avoir accomplir des tâches précises, son tabouret est surélevé et le garçon monte en grade.
Plus tard, le jeune homme, marié et père, peut demander l’autorisation à son père de s’asseoir sur la chaise à trois pieds. Et c’est peut-être là le point important de cette cérémonie : le fait d’être marié, d’avoir des enfants, une maison, une voiture, un travail, etc. n’est pas, en pays Bamiléké, la preuve que l’on est adulte. La reconnaissance des aînés est un élément primordial dans le parcours vers l’âge adulte. Cette reconnaissance ne peut être effective qu’à partir du moment où l’aspirant aura montré qu’il était capable de remplir toutes les conditions précédemment citées.
Comment le rite se déroule-t-il ?
Quand son père accepte sa demande, il doit inviter ses aînés qui ont déjà accompli cette cérémonie, moyennant des sommes d’argent ; on dit qu'”il attache la chèvre de la chaise”. Le moment venu, il doit fournir de la nourriture et de la boisson dans la case de son père, avant d’équiper sa propre cambuse. Il achète aussi les objets rituels en double, pour son père et pour lui. Il s’agit des habits de valeur (gandoura), des chapeaux spécifiques, des cornes de bélier, des queues de cheval.
La veille de la cérémonie, la concession familiale est ornée de tissus traditionnels jetés sur les palissades. Le père invite ses voisins et celui qui est considéré comme le plus important immole le porc qui sera servi. Le lendemain, vers 10h, devant la foule rassemblée, parce que ce doit être une cérémonie publique, le père et le fils habillés de neuf se présentent. Puis le père, accompagné de sa fille aînée, installe le soupirant sur la chaise. Les deux le soutiennent pour qu’il s’assoit et se relève sept fois. La dernière fois, le père lui remet une pipe, une corne de bélier, une queue de cheval et lui porte son chapeau.
La foule l’acclame et le salue à tour de rôle avec déférence. Puis le père et les aînés lui donnent un nom. Explosion de joie. Le buffet est ouvert suivi des réjouissances.
Le jeune est déjà un homme ; il peut maintenant s’asseoir sur les mêmes chaises que ses aînés et ne plus se décoiffer en leur présence.
On apprend toujours un peu plus sur les cultures de chez nous.
Merci bien.
Je t’en prie Laurice