107 personnes ayant participé aux marches dites pacifiques du 22 septembre 2020 comparaîtront devant les tribunaux militaires de Douala et de Bafoussam. Selon Me Hyppolite Meli leur avocat, elles sont accusées de “tentative d’insurrection, d’actes de terrorisme et de rébellion”. Parmi eux, sept manifestants comparaissent libres alors que 100 autres sont en détention provisoire dans les prisons.
Selon le Collectif d’avocats Sylvain Souop, chargé de défendre tous les manifestants poursuivis dans les juridictions, 421 personnes sont détenus de manière arbitraire. « Ces personnes vivent dans les unités de police et de gendarmerie sans être régulièrement enregistrées dans le cadre d’une garde à vue judiciaire ou administrative. Ce sont les personnes qui dorment à même le sol dans les cellules. Elles vivent dans les conditions d’insalubrité et certains militants commencent à avoir les problèmes respiratoires dans ces cellules », explique un avocat du Collectif.
En dehors des manifestants traduits devant les tribunaux militaires, 21 autres manifestants sont poursuivis devant les juridictions civiles. Ils sont accusés de rébellion, de préparatifs dangereux et d’attroupement. Le bilan publié le 18 octobre 2020 relève que 100 militants du MRC se trouvent dans une situation juridique pas connue. 63 manifestants sont en détention sans inculpation.
De mémoire, lors des manifestations du 22 septembre dernier, 552 manifestants ont été interpellés dans les villes de Bafoussam, Yaoundé, Douala et Dschang. Le MRC, avait lancé les appels pour une manifestation pacifique dont l’objet visait à exiger le départ du président de la République. C’est dans le cadre desdites manifestations, qualifiées d’insurrectionnelles par le gouvernement que Maurice Kamto, le président du MRC a été assigné à résidence surveillée. Cette mesure qui prive Maurice Kamto de sa liberté d’aller et venir n’a pas été notifiée au concerné ni à ses avocats selon son Collectif.
Dans un communiqué signé ce Lundi 19 octobre 2020 à Nairobi au Kenya, l’ONG Human rights watch demande la libération de tous les militants détenus. Cette ONG de défense des droits de l’homme souligne dans son communiqué que : « Les forces de sécurité camerounaises ont tiré des gaz lacrymogènes, utilisé des canons à eau et arrêté des membres et partisans de partis de l’opposition, pour disperser des manifestations pacifiques dans tout le pays le 22 septembre 2020 ». Human rights watch invite l’Union africaine (UA), la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ; la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) à dénoncer cette situation.
On se rappelle que le 12 octobre dernier, les experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU ont demandé la libération de Maurice Kamto ainsi que toutes les personnes interpellées dans le cadre desdites manifestations pacifiques.